
1. Introduction
Aujourd'hui, je souhaitais vous parler d’hypergamie. Vous avez peut-être vu des vidéos ou des articles affirmant que l’hypergamie serait liée à des biais cognitifs propres aux femmes ? Pour tout vous dire, il s’agit d’un concept que je ne connaissais pas avant qu’il n’envahisse la toile et les réseaux sociaux depuis quelque temps. Intrigué, je me suis donc intéressé au sujet, et après quelques recherches, j’ai décidé de vous en proposer une analyse approfondie. Mon objectif étant de « débunker » quelque peu ce sujet qui fait les choux gars de certains individus qui l’on soit, mal compris, soit, présenté de manière quelque peu simpliste et raccourcie. Je vous propose donc de nous plonger dans ce que la science nous dit réellement à ce sujet.
2. Etymologie et définition
Tout d’abord comment cela est-il présenté sur les réseaux sociaux et internet ? Il s’agirait d’une dynamique psychologique féminine, une sorte de « programme » biologique ou psychologique, qui pousserait les femmes à choisir des partenaires masculins en fonction de leur statut social plus élevé que le leur.
Tout d’abord, je vous propose de remettre le concept d’hypergamie avec deux autres concepts : « l’homogamie » et « l’hypogamie », qui, eux, sont systématiquement « oubliés » sur les réseaux sociaux.
Intéressons-nous donc à l’étymologie de ces termes :
Le suffixe « -gamie » vient du grec « gamos » et signifie « mariage ».
Les préfixes « hyper », « homo », « hypo » se traduisent respectivement par "au-dessus », « semblable/pareil », et « au-dessous ».
Ainsi, nous pouvons voir que ces concepts reflètent, en réalité, des comportements collectifs étudiés par la sociologie, et non des penchants psychologiques ou biologiques inhérents à un sexe ou à un autre. Ils mettent en lumière des comportements collectifs étudiés à travers des enquêtes et des statistiques sociologiques. Alors que nous dis la sociologie justement ?
3. L'évolution des tendances matrimoniales
Historiquement, dans des sociétés où les femmes étaient écartées du marché du travail ou de l’éducation, l’hypergamie pouvait apparaître comme une stratégie pour accéder à de meilleures conditions de vie. Or, aujourd’hui, avec la participation accrue des femmes au marché du travail et leur indépendance économique croissante, ces dynamiques traditionnelles sont modifiées.
Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’hypergamie féminine n’est plus la norme dominante dans de nombreux pays. Des études récentes montrent même une tendance à la baisse de ce phénomène. En fait, cette tendance est particulièrement marquée dans les pays où les femmes sont désormais plus diplômées que les hommes. Ici, on observe une hausse significative des mariages hypogames (où la femme à un niveau d’éducation donc supérieur à celui de son partenaire). A moins qu’il ne s’agisse d’hypergamie masculine ?
Prenons l’exemple de l’Inde : les mariages hypogames ont considérablement augmenté au cours des quatre dernières décennies. Ce phénomène reflète non seulement les progrès dans l’accès à l’éducation, mais aussi une évolution des normes sociales.
Veuillez noter que malgré ces changements, l'homogamie reste prédominante : les couples où les deux partenaires ont un niveau d'éducation similaire sont encore et toujours les plus courants dans de nombreuses sociétés. Cela s'explique, en partie, par le fait que les individus ont tendance à rencontrer leurs partenaires dans des environnements sociaux similaires (universités, travail, associations, cercles d’amis…etc.).
4. Les facteurs influençant ces tendances
Autrement dit, le choix du partenaire reste fortement influencé par le contexte social, au-delà même de simples préférences individuelles. Dans les communautés où l’hypogamie est plus courante, des études montrent que les risques de dissolution du mariage entre couples hypogames et homogames sont similaires. Cela souligne l’importance de l’acceptation sociale dans la stabilité des unions.
L'éducation est devenue un facteur clé dans les dynamiques matrimoniales. Les mariages impliquant au moins un partenaire hautement éduqué ont tendance à être plus stables. Cela remet en question l’idée reçue selon laquelle les mariages où la femme est plus éduquée seraient moins solides…
5. Implications et perspectives
Ces tendances nous obligent à repenser les idées reçues. Ce phénomène est, en réalité, le reflet de structures sociales et économiques spécifiques qui ont, historiquement, influencé les dynamiques de pouvoir et de choix dans les relations entre hommes et femmes.
Ainsi, la montée de l'hypogamie et la persistance de l'homogamie reflètent une évolution vers des relations plus égalitaires. Cela pourrait avoir des implications positives pour l'égalité des sexes dans d'autres domaines de la société.
Ces changements présentent à la fois des défis et des opportunités. D'un côté, ils peuvent remettre en question les normes traditionnelles et créer des tensions (et c’est tout l’enjeux de ce « débunkage » aujourd’hui). De l'autre, ils ouvrent la voie à des relations plus équilibrées et basées sur la compatibilité plutôt que sur des critères sociaux rigides.
6. Conclusion
En conclusion, ces concepts d’hypergamie, d’hypogamie et d’homogamie sont bien plus complexes et dynamiques que ce que l’on pourrait croire. Les tendances actuelles montrent une évolution vers des modèles de couple plus diversifiés, qui reflètent les changements sociaux, économiques et culturels de nos sociétés.
Il est important de comprendre ces dynamiques comme des phénomènes sociaux en constante évolution, et non comme des comportements figés ou biologiquement déterminés. Cela démontre que l’hypergamie n’est pas un biais psychologique, où lié à la biologie, comme certains individus tentent de vous le vendre.
En revanche, le biais d’attribution pourrait conduire certaines personnes à interpréter ces choix comme uniquement intentionnels ou biologiques, sans tenir compte des contraintes sociales et économiques qui les sous-tendent. Ces biais participent à la construction de stéréotypes sur les rôles genrés et les attentes sociales. En reconnaissant leur influence, chacun de nous peut adopter une vision plus nuancée et équilibrée des relations de couple dans nos sociétés modernes, en tenant compte à la fois des dynamiques sociales et des facteurs individuels.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Ces tendances reflètent-elles votre expérience ou celle de votre entourage ? N'hésitez pas à partager vos réflexions dans les commentaires !
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7. Bibliographie
Bouchet-Valat, M. (2014). La fin de l’hypergamie féminine? L’inversion du sens de l’écart entre diplômes des conjoints au fil des cohortes en France.
Bouchet-Valat, M. (2015). Les rouages de l'amour et du hasard : homogamie et hypergamie selon le diplôme, le statut socioéconomique et d'éducation, variations et mécanismes.
d'Albis, H., Boubtane, E., & Coulibaly, D. (2018). Hypergamie et célibat selon le statut social en France depuis 1969.
INSEE. (2006). Position sociale et choix du conjoint : des différences marquées selon le sexe.
Rault, W., & Bessière, C. (2015). Plus diplômées, moins célibataires. L'inversion de l'hypergamie.
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