Comment votre santé mentale impacte votre performance professionnelle ?
- 19 juil.
- 6 min de lecture

1. Introduction
Voilà un sujet absolument central, et pourtant encore trop souvent négligé : l’impact de votre santé mentale sur votre performance professionnelle.
Vous est-il déjà arrivé d’avoir du mal à vous concentrer ou de vous sentir démotivé au travail sans vraiment comprendre pourquoi ? D’avoir l’impression que tout est plus difficile, plus lourd et plus lent ? Et si c’était votre santé mentale qui parlait, plutôt que votre charge de travail ?
Ce thème est central cette année. En effet : l’année 2025, est l’année de la santé mentale en France. Et c’est donc l’occasion parfaite pour parler de cela. Dans cette vidéo, je vais vous propose de comprendre :
Pourquoi la santé mentale est un facteur déterminant de performance au travail.
Comment elle agit concrètement sur votre engagement, votre productivité et vos capacités cognitives.
Et enfin, comment faire pour préserver votre équilibre mental au travail de manière concrète.
2. Pourquoi la santé mentale compte au travail ?
Aujourd’hui, nous parlons beaucoup de productivité, d’efficacité, de performance… mais beaucoup trop peu de ce qui la rend possible : notre santé mentale, autrement dit, notre état psychique et émotionnel.
Pourtant, les chiffres sont clairs. En France, selon une étude Ipsos de 2025, près de 1 salarié sur 2 est en détresse psychologique. D’après Empreinte Humaine, cela se traduit concrètement par une hausse de l’absentéisme, du présentéisme, et une perte de productivité difficile à compenser. Selon l’INRS et l’Assurance Maladie, le coût estimé de la souffrance mentale au travail en France s’élèverait à plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. Et ce n’est pas seulement un coût économique : c’est un coût humain : moins d’énergie, plus de tensions, moins de créativité, des relations dégradées dans l’équipe, des erreurs plus fréquentes, et parfois, une envie de tout arrêter.
La santé mentale, ce n’est donc pas un luxe. C’est une condition de base pour travailler correctement.
3. Mécanismes : comment la santé mentale agit sur la performance ?
Alors comment ça fonctionne, concrètement ? Quand notre santé mentale se dégrade, nos fonctions cognitives se grippent. On pense moins vite. On retient moins bien. On décide avec moins de clarté.
Le stress chronique, par exemple, déclenche un état d’alerte permanent dans notre cerveau. Résultat : plus de fatigue, moins de concentration, et un risque accru de burn-out. C’est ce qu’on appelle le présentéisme : on est physiquement présent au travail, mais mentalement absent.
Il existe un modèle très utilisé en psychologie du travail, le modèle de Demerouti : le Job Demands–Resources, ou JD-R, qui montre que si vos exigences professionnelles sont trop élevées, et vos ressources (temps, autonomie, soutien…) trop faibles, alors votre santé mentale s’érode, et avec elle, votre motivation et vos performances.
Autre levier important : le climat psychosocial. Une étude parue dans Frontiers in Psychology a montré que dans un environnement tendu ou toxique, le risque de symptômes dépressifs peut être multiplié par trois. Et ce type de climat augmente aussi les arrêts maladie, les conflits et le désengagement.
En France, les dernières enquêtes d’Axa, d’Empreinte Humaine et de la Fondation Pierre Deniker montrent que les relations de travail dégradées, l’isolement ou l’absence de reconnaissance sont des facteurs majeurs de détresse. Dans ces environnements, le risque de burn-out et de dépression est multiplié par deux à trois, avec un impact direct sur l'engagement et la qualité du travail.
Enfin, ce qu’on sait aujourd’hui, c’est que la santé mentale agit comme un filtre : quand elle est affaiblie, même les tâches simples ressemblent à des montagnes. En revanche, quand elle est solide, tout fonctionne mieux (communication, adaptation, concentration…etc.).
4. Les bénéfices d’une bonne santé mentale
Ainsi, des chercheurs ont montré que le bien-être psychologique augmente la créativité, la capacité de résolution de problèmes et même le leadership.
L’American Psychological Association a publié un rapport en 2023 indiquant que les salariés qui se sentent soutenus sur le plan mental sont plus engagés, plus loyaux, et beaucoup plus performants.
Ce lien entre bien-être psychologique et performance est aussi confirmé en France. Le dernier baromètre Qualisocial, de 2025, montre que les salariés en bonne santé mentale déclarent être trois fois plus engagés dans leur mission, et deux fois plus satisfaits de leurs relations de travail.
Les entreprises qui investissent dans le bien-être voient des résultats très concrets. Elles ont moins d’absentéisme, un meilleur climat d’équipe, une amélioration globale de la performance collective, un taux de turnover plus faible… et une nette réduction des arrêts maladie. Certaines études parlent même de retour sur investissement positif pour ces actions.
C’est un constat que j’ai moi-même fait avec mon activité auprès des TPE et des PME : quand un salarié va bien, il est plus disponible aux autres, plus impliqué dans son travail, et capable d’apporter des solutions innovantes et de la créativité… C’est simple : un esprit serein est un esprit plus productif. Ce qui me fait dire que prendre soin de la santé mentale de ses salariés, c’est une affaire rentable pour son organisation.
5. Pistes pratiques à mettre en place
Maintenant, vous allez me dire : « D’accord, mais comment faire concrètement ? »
Voici quelques pistes que je vous propose afin d’améliorer la santé mentale dans votre organisation :
Déjà, évaluer et prévenir les risques psychosociaux, en identifiant ce qui, dans l’organisation, peut générer du stress ou de la souffrance.
Ensuite, former les managers et les équipes à détecter les signaux faibles : isolement, irritabilité, baisse d’engagement…
Puis, aménager les conditions de travail : favoriser la flexibilité, limiter les réunions inutiles, encourager la déconnexion hors horaires.
Je vous recommande aussi de mettre en place des dispositifs d’écoute : espaces de parole, cellules de soutien, accompagnement individuel…
Et enfin, travailler sur la culture d’entreprise : valoriser l’entraide, le droit à l’erreur et la reconnaissance.
En France, certaines structures comme La Maif, Décathlon ou la Macif ont expérimenté des programmes de prévention santé mentale. Résultat : elles ont connu une baisse significative de l’absentéisme, leur cohésion d’équipe s’est améliorée et enfin leur taux de satisfaction au travail à augmenter de façon mesurable. N’hésitez pas à vous en inspirer si vous êtes vous-même chef d’entreprise ou décideur. Et si vous êtes salarié, faites remonter l’information ! Ces leviers sont concrets, accessibles, et surtout… efficaces.
6. Conclusion
Je crois profondément que l’année 2025 peut être une opportunité de faire de la santé mentale un pilier du travail durable. Pas juste une case à cocher, mais un engagement sincère pour un travail plus humain.
Et si vous êtes manager, RH, dirigeant, ou tout simplement concerné par ce sujet : vous n’êtes pas seul.
Avec mon cabinet, j’accompagne les structures à mettre en place des démarches concrètes de prévention, de formation et de transformation managériale autour de ces enjeux.
La santé mentale, ce n’est pas qu’une affaire privée. C’est une ressource stratégique pour la performance individuelle et collective.
Et vous, est-ce que vous avez déjà mis en place, dans votre entreprise ou dans votre quotidien, des actions, pour favoriser votre bien-être mental au travail ? Dites-le-moi en commentaire, j’ai hâte de vous lire.
7. Bibliographie
Ipsos / Qualisocial (2025) – Étude nationale sur la santé mentale des salariés français. Publication de janvier 2025 analysant la santé mentale des salariés français et leur qualité de vie au travail. Résultats : 25 % des salariés se déclarent en mauvaise santé mentale, ce qui affecte leur capacité à travailler efficacement.
OpinionWay / Empreinte Humaine (2025) – Enquête sur la détresse psychologique au travail en France. 45 % des salariés sont en situation de détresse psychologique, dont 70 % attribuent ce mal-être à leur environnement professionnel.
EU-OSHA (2014) — The impact and costs of mental health problems in the workplace. L’agence européenne estime à 240 milliards d’euros le coût des troubles mentaux, dont 136 milliards liés à la baisse de productivité (absentéisme et présentéisme).
Olesen et al. (2012) — The European Journal of Health Economics. Cette étude chiffre à 109 milliards d’euros le coût de la dépression en Europe en 2010, et à 88 milliards celui des troubles anxieux.
Matrix (2013) — Rapport européen sur les coûts de la dépression au travail : près de 620 milliards d’euros par an, répartis entre absentéisme (270 Mds), perte de productivité (240 Mds), soins de santé (60 Mds) et prestations sociales (40 Mds).
European Trade Union Institute (2025) — Déclare que la dépression liée au travail coûte plus de 100 milliards d’euros par an dans l’Union européenne.
ScienceDirect / PMC (2022) — Coûts estimés à 72 milliards d’euros pour le stress lié au travail (absentéisme + présentéisme), et 617 milliards pour la dépression à l’échelle sociétale.
Van der Feltz-Cornelis et al. (2016) — Étude sur les pertes de productivité liées aux troubles mentaux : en moyenne 12 jours perdus par an et par personne, pour un coût estimé à 360 millions d’euros par million de salariés.
Timbere et al. (2016) — Étude d'efficience économique démontrant que le traitement de la dépression (psychothérapie + médication) est rentable pour les employeurs, avec un ratio coût-bénéfice favorable.
Karasek (1979) — Modèle de la « Demande-Contrôle » : déséquilibre entre les exigences professionnelles et le contrôle perçu = facteur de stress majeur.
Bakker & Demerouti (2007) — Développement du modèle JD‑R (Job Demands–Resources) : montre le lien entre surcharge, manque de ressources et baisse de performance.
American Psychological Association (2023) — Work in America Survey. Le bien-être psychologique est corrélé à un engagement accru, une baisse du turnover, et une meilleure performance.
Journal of Labour Economics (2017) — Une mauvaise santé mentale accroît l’absentéisme de 5 %, et les conditions de travail (autonomie, reconnaissance) peuvent atténuer cet impact.



Commentaires